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Technique : McLaren a battu Red Bull à Miami, mais est-ce vraiment significatif ?

Technique : McLaren a battu Red Bull à Miami, mais est-ce vraiment significatif ?

Lundi 6 mai 2024 par René Fagnan
Crédit photo: mclaren.com

Crédit photo: mclaren.com

Tout le paddock de Formule 1 (ou presque) était heureux de voir Lando Norris récolter sa première victoire en Grand Prix, hier à Miami. Mais cela peut-il signifier que McLaren a comblé son retard technologique et peut désormais rivaliser avec Red Bull ?

Si la victoire de Norris fut "facilitée" par le déploiement opportun de la Voiture de sécurité, et par le fait que Max Verstappen ait percuté un bollard en plastique rigide qui a endommagé de plancher de la Red Bull, il faut quand même avouer que les nouvelles pièces installées sur la McLaren MCL38 de Lando Norris ont donné des ailes à cette monoplace.

La belle performance de son coéquipier Oscar Piastri, dont la McLaren ne possédait pas toutes les nouvelles pièces, a démontré que l’écurie dirigée par Zak Brown est sur une belle lancée. Piastri a longtemps résisté aux attaques de la Ferrari de Charles Leclerc et se dirigeait vers un excellent résultat s’il n’y avait pas eu ce contact avec la Ferrari de Carlos Sainz.

Les McLaren ont été très rapides durant tout le week-end, surtout lorsque chaussées de pneus médiums et durs. Dans ces conditions, elles étaient plus rapides que les Red Bull qui ont eu bien du mal à trouver un peu d’adhérence sur cette piste temporaire glissante.

La McLaren de Norris disposait qu’un nouvel aileron avant, d’une géométrie de la suspension avant revue afin de faciliter l’écoulement de l’air, d’écopes de freins avant revues, de nouvelles entrées d'air des pontons, d’un nouveau capot moteur, d’ouïes de refroidissement corrigées, d’écopes de freins arrière modifiées, d’une suspension arrière évoluée et (finalement) d’un mat d’aileron arrière corrigé. Toutes ces modifications avaient pour objectif de faciliter l’écoulement des flux d’air vers l’arrière de la voiture, là où se génère une grande partie de l’effet de sol.

En course, Norris, parti cinquième, a parcouru 29 tours avec son train de pneus médiums alors que ses rivaux ont dû stopper beaucoup plus tôt (Sergio Pérez au 17e, Leclerc au 19e, Verstappen au 23e, Piastri au 27e et Carlos Sainz au 27e) Tous se sont arrêtés sous le vert tandis que Norris, en économisant ses pneus, a étiré son relais au maximum et a pleinement profité de l’intervention de la Voiture de sécurité pour changer de pneus et demeurer en première place.

Plusieurs anciens ingénieurs et directeurs techniques de F1 sont actifs sur les réseaux sociaux et donnent ouvertement leur opinion sur les problèmes techniques des voitures de F1 actuelles. Plusieurs ont travaillé en F1 à l’époque où les monoplaces étaient d’une grande simplicité, qu’un directeur technique devait tout comprendre du fonctionnement de la voiture et qu’une équipe ne comptait même pas 50 employés. D’ailleurs, des types comme Gordon Murray ou Mauro Forghieri étaient capables de concevoir et de dessiner à la main toutes les pièces d’une voiture de F1…

« L'expertise actuelle est portée dans le micro-développement de la plate-forme existante et le seul ingénieur encore actif et qui est capable de comprendre tout le fonctionnement de la voiture est Adrian Newey » a récemment écrit un ingénieur britannique qui a œuvré en F1 pendant 33 ans.

« Les écuries actuelles misent beaucoup sur la CFD (la simulation informatique de l’écoulement des fluides) et les simulations par ordinateurs, mais elles doivent tenir compte de facteurs externes qui existent dans la réalité quand la voiture roule sur une piste. Les résultats obtenus sont souvent valides quand les changements de règlementation sont mineurs, mais à mon avis ce n’est pas du tout le cas lors d’un changement majeur et complet de l’écoulement des flux [comme ce fut le cas avec le retour de l’effet de sol]. Ni la CFD ni les simulations ne pouvaient traiter correctement l'aéroélasticité, de sorte que la plupart des ingénieurs n’ont pas pu prévoir le phénomène de pompage qui a affecté presque toutes les voitures de F1, sauf les Red Bull » peut-on lire.

Les ingénieurs de l’écurie McLaren viennent de démontrer qu’il est possible de corriger certains défauts d’une voiture et la rendre nettement plus performante, même sous la contrainte d’un plafond budgétaire. Et il est intéressant de noter que les autres monoplaces qui utilisent elles-aussi l’unité de puissance Mercedes (celles de l’écurie officielle Mercedes, d’Aston Martin et de Williams) ne sont pas du tout au même niveau de performance que les McLaren.

Reste maintenant à déterminer si la victoire de McLaren à Miami, un circuit urbain très typé, est la conséquence des modifications apportées à la monoplace ou plutôt due à des circonstances très spéciales et opportunes qui ne se répéteront peut-être pas cette saison.